#cimetière des capucins
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Je reprends mon projet de présenter la plupart de mes 52377 photos.
1995, un séjour de 5 jours (trop court !) dans la sublime Rome avec Nours !
- les 2 premières : l’église Santa Maria dei Angeli et son sol en marbre où l’on peut suivre la course du soleil dans le zodiaque...
- les 2 suivantes: le Musée des Thermes dans le Couvent des Chartreux
- Fontana dell'Acqua Felice
- les 2 suivantes: Via Veneto, l’étonnant et lugubre (pas pas tant que ça !) Cimetière des Capucins (bon, les photos étant interdites, j’ai trouv�� ces deux-là sur le net)
- dans le train pour l’aéroport de Fiumicino et le retour en France...
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Cimetière des Capucins, Bourges, France, November 2017
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L’OHL-DELÀ
LIEUX COMMUNS
Xavier Rosan / © Xavier Rosan
Le faubourg Saint-Michel est né, au xive siècle, de l’extension de la ville alors en pleine prospérité économique. Une activité artisanale intense s’organisa autour de l’église du même nom, dont témoigne la toponymie de certaines artères du quartier, telles la rue des Faures, autrefois peuplée de forgerons et d’armuriers, ou la rue de la Fusterie, évoquant la pratique des fabricants de fûts, ou encore la rue Carpenteyre attestant de la présence de charpentiers. C’est ensuite, à partir du xviiie siècle, qu’eurent lieu les principaux aménagements du secteur, avec la création de la place des Capucins et l’apparition de rues ordonnées ou régulières : Saint-François, Gaspard-Philippe, des Menuts. Au niveau des rues Planterose et Traversanne, des fouilles menées en 1881 révélèrent l’existence d’un vaste cimetière gallo-romain allant de la rue du Hamel à l’église Saint-Michel.
Les raisons de la foi
De la modeste chapelle romane du xiie à l’imposante basilique aux allures néo-gothiques que lui donna l’architecte Charles Burguet entre 1861 et 1869, l’église Saint-Michel aura été, durant des siècles, un chantier perpétuel, son ampleur évoluant au rythme de l’accroissement démographique du quartier populaire qu’elle desservait et de l’essor de son activité commerçante.
La tour hexagonale du même nom, séparée d’une trentaine de mètres de l’église, a été élevée, face au portail, entre 1472 et 1492 par l’appareilleur saintois Jean Lebas I – puis son fils Jean Lebas II –, lequel s’inspira du beffroi de Sainte-Eutrope qu’il avait préalablement édifié dans sa ville natale.
L’édifice supportait alors une flèche culminant à 114 m, elle-même surmontée d’une croix, terminée par des boutons de cuivre doré. Dès que le clocher fut achevé, on y plaça deux fortes cloches, ainsi que quelques autres de moindre poids, qui seront fondues à la Révolution (quand la maison de Dieu se transforma en « temple de la Raison »). Mais, fragilisé une première fois par de fortes intempéries en 1574, puis par la foudre, le clocher fut encore victime en 1660 d’un violent tremblement de terre et, pour finir, d’une « tempête affreuse » en septembre 1768. Cette dernière en renversa le sommet, faisant de la flèche de Saint-Michel « l’une des plus belles ruines que l’on remarque en France », selon un commentateur de l’époque.
Les habitants de Saint-Michel, considérant le clocher comme leur emblème, en firent un lieu de revendications politiques, notamment lors des soulèvements liés à la gabelle. En représailles, un ordre du roi Louis XIV en ordonna la démolition, laquelle fut évitée de justesse. Ce n’est ensuite qu’à partir de 1861 que le chantier de réédification (suite au désastre de 1768), confié à l’architecte Paul Abadie, commença pour s’achever huit ans plus tard.
De profundis
Entre-temps, en 1823, un télégraphe Chappe (du nom de son inventeur, l’abbé Claude Chappe) avait été établi au faîte de l’édifice. Le dispositif d’ensemble reposait sur une succession de sémaphores dotés de bras articulés, établis de loin en loin sur des tours de pierre distantes de 5 à 15 km, selon le profil des terrains. Ces télégraphes étaient susceptibles de prendre, sur demande, près de 200 positions différentes, chacune ayant une signification codée. Pour ce faire, on arasa le moignon de la flèche qui subsistait, transformant la tour en une plate-forme culminant à 72 m de hauteur.
« Je ne sais comment il me revint à l’esprit, se souvint Victor Hugo, dans En voyage. Alpes et Pyrénées, qu’en ce moment-là même, au haut de cette tour Saint-Michel, à deux cents pieds sur ma tête, au-dessus de ces spectres qui échangent dans la nuit je ne sais quelles communications mystérieuses, un télégraphe, pauvre machine de bois menée par une ficelle, s’agitait dans la nuée, et jetait l’une après l’autre à travers l’espace, dans la langue mystérieuse qu’il a lui aussi, toutes ces choses imperceptibles qui demain seront le journal… »
Les « spectres » en question, ce sont les célèbres « momies de Saint-Michel » (sans doute issues du cimetière du Hamel), qui, visitées, commentées, lithographiées et cartepostalisées à outrance, alimentèrent la « légende des siècles » bordelaise jusqu’au déplacement tardif (1991) des squelettes en une plus digne sépulture – une fosse anonyme du cimetière de la Chartreuse – que le Barnum morbide auquel on les avait contraints jusqu’ici. Au cours de la trentaine d’années durant lesquelles le télégraphe-épouvantail de Chappe, gesticulant tout au-dessus de leurs crânes, transporta ses sibyllins messages de par le monde (il fut démonté en 1851), participèrent-elles à un dialogue crypté avec l’au-delà dont on aurait omis de sonder les traces (en une espèce, pourquoi pas, de prémonition de la philosophie des réseaux, chère aux saint-simoniens) ?
Le terme de « télécommunications » n’avait pas été inventé : il le fut en 1904 grâce à l’écrivain et ingénieux ingénieur aux Postes et Télégraphes, Édouard Estaunié (1862-1942), accessoirement prix Fémina 1908, dont Michel Ohl (1946-2014), infatigable chercheur et découvreur d’analogies a priori complètement tordues mais in fine (souvent à l’usure) frappées sous le sceau du bon sens et de l’évidence réunis, fut l’habile thuriféraire. Ohl parsemait la ville d’exemplaires de livres d’Estaunié, les distribuant en des endroits incongrus (les boîtes à livres n’existaient pas), histoire que le hasard facilite la rencontre spirituelle entre cet auteur à ses yeux injustement oublié (un comble, en effet, pour l’inventeur du terme qui révolutionna le siècle précédent) et de nouveaux lecteurs (1).
De nos jours, un instructif court métrage documentaire, installé dans la crypte de la tour qui fut leur sépulcre, rappelle le voyage dans le temps des doublement feues momies de Saint-Michel(-Ohl ?). Un autre écrivain bordelais, Jean Forton, en avait, par ailleurs, commenté dans son roman Le Grand Mal la macabre visite par des lycéens potaches : « Quatre-vingts momies. L’une après l’autre elles défilèrent, ballet funèbre, danse des morts que le pinceau de la lampe détaillait dans le complet silence. À un moment la vieille saisit sur l’un des squelettes quelque chose de plat qui pendait.
– La nourrice, dit-elle. Voilà ses tétés.
Ledru faillit vomir (2). »
Les voies des télécommunications sont décidément impénétrables.
1. Lire : Michel Ohl, « Je dispatche Estaunié », en complément de la réédition de L’Infirme aux mains de lumière, d’Édouard Estaunié, éd. L’Éveilleur, 2016. 2. Jean Forton, Le Grand Mal, Gallimard, 1959 ; rééd. L’Éveilleur, 2018.
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Petite collection de crânes trouvés dans la Crypte des Capucins où sont enterrés les membres de la familles impériales des Habsbourg depuis 1633. On y trouve notamment les tombeaux de l'archiduchesse Marie-Thérèse (mère de Marie-Antoinette) ou encore de Sissi et leurs époux respectifs (notez que j'ai plus retenu les impératrices que les empereurs 😂). C'est assez impressionnant. Forcément, me direz-vous, c'est une crypte... Et les tombeaux sont de véritables œuvres d'art tant les sculptures qui les ornent sont belles. #Vienne #Vienna #Wien #travelgram #holidays #Sissi #trip #Österreich #travel #crâne #skull #Halloween #grave #death #chanteuse #travelpics #sculpture #Austria #vacation #tourism #graveyard #art #cimetière #crypt #crypte #history #culture #museum #dead
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Une stigmatisée à Binic
En cette période Toussaint, il est heureux d'évoquer le souvenir de ceux qui ont été gratifiés de grâces exceptionnelles, et qui, nous le pensons, sont dans le bonheur divin. Surtout quand ils nous sont proches, dans le temps ou la géographie.
Nous avons déjà raconté sur ce site les vies de petites « saintes » populaires, bien de chez nous :
Anne Le Corre de Lanvollon, dont la tombe est toujours fleurie, et c'était au XIXe siècle
Marie-Julie Jahenny de La Fraudais près de Blain (L.A) au XXe siècle, dont le cardinal Pacelli, futur Pie XII, venu la voir en 1939 disait « il n'y a pas de fraude à la Fraudais.
Madeleine Morice (1736-1769) mystique bretonne inhumée dans l'église de Porcaro.
Catherine Daniélou autre mystique qui a vécu la fin de sa vie (décédée à Saint-Guen le 4 novembre 1667), en notre diocèse.
Et aujourd'hui, au milieu du XXe siècle : Philomène Bertho de Binic, stigmatisée, surtout les vendredis en union avec le Seigneur Jésus.
Le Professeur Massignon, islamologue reconnu, Pordicais et Binicais (à Ker-Ephèse rue Jeanne d'Arc à Binic) annonçait dans un ouvrage qu'il devait se rendre à Binic rencontrer la stigmatisée Philomène Bertho. Très pieux et marqué par la vie mystique de Saint-François, et surtout ses stigmates, il se devait de rencontrer une stigmatisée vivante, dans les années 1930.
L'abbé Olivier Michel, natif de Binic, est venu au siècle dernier, dans les années 1980, en retraite à Binic. Avec les abbés Louis et René Michel, que de services rendus chaque jour à la paroisse !
L'abbé Michel a bien connu notre stigmatisée. Encore séminariste, il lui a rendu visite. Il témoigne « Je me souviens encore bien d'elle. Et je revois encore les mains qu'elle me tendait, couvertes de mitaines pour protéger les stigmates de la Passion du Christ qui apparaissaient surtout le vendredi, dans le creux de sa main ».
La famille Houard qui tenait le bureau de tabac (chez Henriette) au coin de la rue, se souvenait d'apporter souvent un bol de soupe à ces pauvresses.D'après Henriette, « elles étaient 2 sœurs, une grande et forte femme (probablement Thérèse) et Philomène petite bonne femme, frêle, d'allure chétive, à la silhouette toute cassée ». Elles habitaient rue des Falaises, qu'on a toujours appelée Catifera, au n° 11, devenu plus tard une agence bancaire. Nos ancêtres binicais ne semblent pas avoir prêté beaucoup d'attention à cette stigmatisée.
Philomène était née en 1851 et mourut à l'hospice dit des capucins à Saint-Brieuc, le 10 juillet 1933, à l'âge de 82 ans.C'est l'aumônier de l'Hôpital qui lui administra les sacrements de l'Eglise. Le décès fut enregistré à la mairie de Saint-Brieuc, puis transcrit à celle de Binic à la date du 12 juillet 1933. Recevant « les honneurs de la sépulture chrétienne » dixit le bulletin « Le Large » du 16 juillet, elle fut inhumée au cimetière de Binic.Dès le 16 juillet, des services funèbres furent commandés par les familles Yves et Théophile Bertho.
« Voici le peuple immense … » chantons-nous à la Toussaint, il est bon de se souvenir de ces bien-aimés de Dieu qui ont bénéficié de grâces exceptionnelles, et qui désormais sont dans la Béatitude éternelle. Et que nous pouvons prier, en français, en gallo ou en breton !
Voir en ligne : Stigmates
Avec l'amicale collaboration de Christian Querré et de Bérengère Massignon.
NDLR : remerciements à toute personne qui apportera de nouvelles informations sur cette binicaise.
via Communauté pastorale du Littoral Ouest https://ift.tt/2Wgn0NQ
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J’avais été contraint à l’honnêteté d’une pensée inavouable : que je tirais une sorte de jubilation de la souffrance et de la dureté de notre expérience, mais cela je ne pouvais pas le partager avec Jules, il eût été obscène de vouloir le torturer avec cette complicité. Depuis que j’ai douze ans, et depuis qu’elle est une terreur, la mort est une marotte. J’en ignorais l’existence jusqu’à ce qu’un camarade de classe, le petit Bonnecarère m’envoyât au cinéma le Styx, où l’on s’asseyait à l’époque dans des cercueils, voir L’enterré vivant, un film de Roger Corman tiré d’un conte d’Edgar Allan Poe. La découverte de la mort par le truchement de cette vision horrifique d’un homme qui hurle d’impuissance à l’intérieur de son cercueil devint une source capiteuse de cauchemars. Par la suite, je ne cessai de rechercher les attributs les plus spectaculaires de la mort, suppliant mon père de me céder le crâne qui avait accompagné ses études de médecine, m’hypnotisant de films d’épouvante et commençant à écrire, sous le pseudonyme d’Hector Lenoir, un conte qui racontait les affres d‘un fantôme enchaîné dans les oubliettes du château des Hohenzollern, me grisant de lectures macabres jusqu’aux stories sélectionnées par Hitchcock, errant dans les cimetières et étrennant mon premier appareil de photographies de tombes d’enfants, me déplaçant jusqu’à Palerme uniquement pour contempler les momies des Capucins, collectionnant les rapaces empaillés comme Anthony Perkins dans Psychose, la mort me semblait horriblement belle, féeriquement atroce, et puis je pris en grippe son bric-à-brac, remisai le crâne de l’étudiant de médecine, fuis les cimetières comme la peste, j’étais passé à un autre stade de l’amour de la mort, comme imprégné par elle au plus profond je n’avais plus besoin de son décorum mais d’une intimité plus grande avec elle, je continuais inlassablement de quérir son sentiment, le plus précieux et le plus haïssable d’entre tous, sa peur et sa convoitise.
A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie — Hervé Guibert [+]
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Dans les sous-sols de dizaines d'églises et de monastères siciliens, des milliers de momies debout dans leur niche racontent en silence une histoire méconnue.
«Nous étions ce que vous êtes, vous serez ce que nous sommes.» À l'entrée des catacombes de Palerme, sous le couvent des Capucins, cette phrase, peinte en noir sur un mur blanc décrépi, annonce un voyage dans l'au-delà dont on revient vivant, mais pas indemne. De part et d'autre de longs couloirs mal éclairés, 9000 momies accrochées debout, ou allongées dans des niches, sont regroupées par sections: notables, religieux, corporations et familles. Au pied des défunts, une simple étiquette indique un nom et un prénom, une date de naissance et de décès, à l'exception de deux personnalités exposées dans des cercueils au couvercle de cristal: Giovanni Paterniti, le vice-consul des États-Unis décédé en 1911, qui n'a rien perdu de sa superbe avec ses moustaches imposantes, et la petite Rosalia Lombardo, nimbée d'innocence, emportée en 1920 à l'âge de 2 ans par une pneumonie. Plus loin, on reconnaît les prêtres à leur chasuble, les moines à leur robe de bure, leur corde autour du cou. Côte à côte, les notables et leurs épouses ont joué l'élégance, et l'on découvre ému en baissant les yeux, que des parents effondrés ont laissé leurs jouets à leurs enfants disparus. Toutes les momies n'ont pas résisté de la même façon à l'usure du temps ; certaines, mains et visage parcheminés, font bonne figure, tandis que d'autres semblent vouloir s'éteindre une seconde fois. Impressionnante, la visite n'excède pas une demi-heure: tour à tour stupéfait, perturbé, oppressé, on cherche soudain la sortie, comme un plongeur l'air libre, soulagé de retrouver le soleil et l'agitation des vivants.
Après six à huit mois, les moines récupèrent les corps séchés, les désinfectent et les rhabillent
L'histoire de la momification commence par l'installation des capucins sur l'île en 1528 après leur scission avec les franciscains. Un demi-siècle après leur arrivée, et comme leur cimetière est plein, les moines entament la construction d'une crypte sous leur monastère et y reçoivent, le 16 octobre 1599, le corps de Silvestro da Gubbio, un des leurs, qu'ils ont au préalablement momifié (on ne sait toujours pas pourquoi). Au début, les moines seuls «bénéficient» de la momification. Pour recevoir leurs frères décédés, les capucins construisent sous leur église des chambres souterraines dites de momification où ils procèdent à différentes opérations.
Six à huit mois plus tard, grâce à une bonne aération, des parois de calcaire poreux qui absorbent parfaitement l'humidité et une température constante, les corps ont séché. Les moines les récupèrent, les désinfectent et les rhabillent avant de les installer dans la crypte.
Une forme terrestre de vie éternelle
En quatre siècles, ils deviennent des experts, et ne feront pas appel à un procédé de conservation unique, mais à plusieurs techniques. La momification se répand dans toute l'île et il n'existe pas un village d'importance qui n'expose dans la crypte de son église les corps de ses prêtres, moines ou citoyens en vue. Petit à petit, les fidèles s'intéressent à cette forme terrestre de vie éternelle. D'abord parce que les capucins descendent dans la crypte nuit et jour prier pour le salut des défunts, puis parce que les familles ont le droit d'y descendre, elles aussi, pour parler à leurs disparus. La demande explose. Les religieux l'acceptent car c'est une nouvelle source de revenus, et le meilleur moyen de transmettre leur message aux vivants: Memento mori (Souviens-toi que tu vas mourir). Une invitation à se concentrer sur la perspective de la vie après la mort, et à réfléchir à la vanité et la fugacité des plaisirs, du luxe et des réalisations terrestres. Une fois le défunt traité, ses proches paient pour son entretien et sa place dans la crypte. Oublier de payer signifie un accès plus compliqué au corps, et des soins plus espacés jusqu'à la reprise des versements.
Des morts mis en scène
Dans la crypte de l'église de Burgio, un superbe village situé à une centaine de kilomètres de Palerme, rencontre avec Luisa Maria Lo Gerfo, biologiste, archéologue, anthropologue et spécialiste des momies siciliennes. «J'ai visité plus de 200 cryptes en Sicile, nous explique-t-elle, et si les milliers de momies que j'y ai répertoriées sont moins connues que celles d'Égypte ou du Pérou, elles n'en demeurent pas moins significatives, tant du point de vue archéologique et culturel qu'historique. Elles nous documentent sur la mort et sa perception par les vivants, sur l'histoire des pratiques sociales, des coutumes et des modes, et nous renseignent également sur les causes et l'âge du décès, l'absence ou la présence de certaines pathologies ou épidémies.»
Luisa Maria connaît bien la crypte de Burgio où les morts sont parfaitement mis en scène. Elle y travaille régulièrement sur les momies debout, ou allongées dans des cercueils ouverts richement décorés, mesure les membres, diagnostique des maladies en fonction des anomalies et des cicatrices, et inspecte robes, mantilles, costumes, hauts-de-forme et foulards. «Tout le monde n'avait pas les moyens de se faire momifier», rappelle l'anthropologue. Plus on faisait partie de la bonne société, plus on était proche de l'autel, du chœur de l'église. Les plus pauvres étaient enterrés à l'extérieur. Ce n'est qu'après l'édit de Saint-Cloud, décret impérial sur les sépultures promulgué le 12 juin 1804 par Napoléon Bonaparte, que l'on assiste à une laïcisation de la mort. Ce décret établit que les tombes doivent être installées en dehors de la ville, de taille égale pour éviter les discriminations entre les défunts, et que l'on peut y graver une épitaphe. «Une loi que respecteront les religieux à leur façon, rappelle Maria Luisa Lo Gerfo, car si les morts sont bien enfermés dans des cercueils, ceux-ci sont disposés dans des caveaux verticalement afin de faciliter la dessiccation des corps et leur… momification.»
«Descendez, visitez la mort»
La Sicile se révélera au fil du temps un véritable laboratoire de recherche sur la momification. Selon Luisa Maria, on en dénombre plusieurs types. D'abord la momification naturelle, liée à des facteurs climatiques et environnementaux (climat désertique, arctique ou marécageux). Puis la momification intentionnelle par drainage gravitationnel, ou avec le concours de substances et procédés pour arrêter le processus de décomposition des tissus et des organes: l'embaumement avec le remplissage du corps par de la ficelle, de la ouate, des plumes, des fragments d'étoffe ou des petits bouts de métal ; le plongeon du corps dans un bain d'arsenic et de lait de chaux ; ou la méthode tranchinienne qui consiste en une injection intravasculaire d'arsenic blanc, de sublimé corrosif et d'alcool dans la carotide gauche du mort.
« Une fois par mois, je célèbre la messe ici entouré de mes ouailles et de mes anciens confrères»
L'arrivée dans la crypte de l'église mère dédiée à San Nicolò di Bari, à Gangi, est tout aussi impressionnante. Après avoir lu à l'entrée, «Descendez, ô vivants, visitez la mort, avant qu'elle ne vienne vous rappeler votre destinée», on découvre bien alignées debout dans des niches les momies de 44 prêtres de la paroisse en habit, bien conservées. «Une fois par mois, nous raconte le père Giuseppe dit Pino, je célèbre la messe ici entouré de mes ouailles et de mes anciens confrères. Ils nous rappellent que nous sommes de passage sur cette terre et font toujours partie de notre vie des années après leur départ.»
Mais la rencontre la plus émouvante reste celle avec Rosalia Lombardo dans la crypte des Capucins de Palerme. Dans son cercueil au couvercle cristallin, on découvre une petite fille au visage intact, dont les yeux semblent entrouverts. Décédée à l'âge de 2 ans d'une pneumonie que l'on ne savait soigner en 1920, ses parents, désespérés et ne se résolvant pas à la voir partir, demandèrent à Alfredo Salafia, un célèbre chimiste et embaumeur né à Palerme en 1869, de la garder telle quelle. Il injecta à la petite fille un mélange longtemps gardé secret mais dont on connaît désormais la composition retrouvée dans ses carnets. Notre voyage s'achève sur cette visite et nous quittons les momies en silence. Nous ne sommes que de passage. Heureusement, il y a le vacarme de Palerme, le hurlement des vendeurs sur les marchés, les Vespa qui manquent de vous écraser, pour nous rappeler que nous sommes encore en vie.
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CIMITERO DEI CAPPUCCINI ROMA by utrechtwillem on Flickr.
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Cimetière des Capucins, Bourges, France, November 2017
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Cimetière des Capucins, Bourges, France, November 2017
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Cimetière des Capucins, Bourges, France, November 2017
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Cimetière des Capucins, Bourges, France, November 2017
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Cimetière des Capucins, Bourges, France, November 2017
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Cimetière des Capucins, Bourges, France, November 2017
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Cimetière des Capucins, Bourges, France, November 2017
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Cimetière des Capucins, Bourges, France, November 2017
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